lundi 19 août 2013

Où respire-t-on bien en France ?

Les chiffres des l'étude CAFE (Clean Air for Europe), 30000 morts prématurées par an en France dues aux diverses pollutions atmosphériques, amènent la question : Où respire-t-on du bon air ?

La réponse est dans d'autres chiffres, publiés par le ministère parisien de l'air pur, mais ces données livrées en feuilles Excel par kilos de bits sont assez peu lisibles. Mieux vaut une carte, qui a l'avantage de mettre en relation une représentation de l'espace et les informations que l'on souhaite présenter. L'outil permettant ce rapprochement est un système d'information géographique (SIG), j'ai utilisé pour ce travail Quantum GIS.

Combien de gens respirent cette merde ?

Il existe des cartes de la pollution basées sur les données ATMO mais je souhaitais mettre en évidence les niveaux de pollution propres à chaque aire urbaine et l'importance de la population qui y est soumise, dans la perspective d'évaluation des risques collectifs de l'étude CAFE.

Le fond de la carte représente la densité de population, depuis le quasi-désert bleu ciel (inférieur à 37 hab/km2) au rouge vif du coeur des métropoles (plus de 40000 hab/km2).
Là dessus, j'ai délimité les aires urbaines couvertes par les statistiques de surveillance de l'air du réseau ATMO. Pour chacune, les portions de camembert indiquent la proportion de l'année où l'air est bon ou très bon (vert), moyen ou médiocre (jaune) et mauvais ou très mauvais (rouge). Le chiffre indiqué en gras représente le nombre de jour dans l'année où l'air n'est pas bon. Les données fournies sont une moyenne sur les années 2005 à 2009.
La surface du diagramme fromager est proportionnelle à la population.

Cherche ville moyenne, au nord ou à l'ouest

L'air n'est pas trop mal dans les agglomérations moyennes situées dans la partie ouest du pays ou sur les côtes Atlantiques et de la Manche. Ainsi, l'air est souvent qualifié de bon à Limoges, Caen, Brest, Rennes et Dunkerque. À l'inverse, les agglomérations importantes, loin dans les terres et celles bordant la méditerranée sont défavorisées. La montagne n'est pas épargnée par la pollution, il est vrai que les grandes villes sont situées dans des vallées ou des cuvettes. Il faudrait aussi affiner en montrant la nature de la pollution (Ozone, NOx, SO2 ou particules) pour déterminer la source (industrie, automobiles) mais les chiffres du fichier que j'ai utilisé ne donnent ce détail que pour les jours en rouge, trop peu nombreux pour être significatifs.

On constate que les grandes concentrations de population respirent un air médiocre trop souvent. Lyon et Marseille semblent être dans une situation préoccupante, avec un air moyen ou pire plus d'un tiers de l'année. Cette pollution de fond favorise ou aggrave des affections et abrège la vie. Les causes sont sans doute liées en partie à la densité même de ces aires urbaines : circulation automobile, chauffage des bâtiments. L'effet sanitaire est multiplié par le nombre d'habitants soumis à ces pollutions, ce que la représentation sous forme d'aires proportionnelles permet d'apprécier d'un coup d’œil.

Le croisement avec d'autres données - force des vents dominants, ensoleillement, présence d'industries - serait nécessaire pour livrer une analyse plus précise.

À défaut de pouvoir construire les villes à la campagne, on devrait pousser les feux d'une révolution en matière de transports urbains et d'efficacité énergétique des bâtiments.

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